Après 22 ans en tant que directeur de l’Udaf des Hautes Alpes, Philippe HEBRARD prend sa retraite le 30 juin.

Il revient sur son parcours et nous livre quelques anecdotes.

Quelle était votre vie professionnelle avant l’Udaf, qu’est ce qui vous a amené ici ? 

« J’ai travaillé de nombreuses années dans une association nationale qui s’appelle l’UFCV, (l’union française des centres de vacances) et j’ai exercé les fonctions de « délégué régional » d’abord à Poitiers, puis à Montpellier. J’avais une quarantaine d’années, je me disais qu’il fallait « que je change de boutique » parce que souvent on identifie l’UFCV aux activités de loisirs pour jeunes alors que ce n’est pas que ça et loin de là, je pense notamment à tout le travail d’insertion sociale et professionnelle qui est fait.

J’ai décidé d’engager une formation professionnelle et j’ai fait un master 2 de droit des collectivités territoriales en me disant ça me mènera toujours quelque part en plus de ma formation de juriste.

J’ai été appelé par ma belle sœur qui m’a parlé d’un poste de direction qui allait ouvrir à l’Udaf des Hautes Alpes et j’ai postulé d’autant que ça pouvait permettre à ma femme de se rapprocher de sa sœur jumelle. »

Quel était le contexte lors de votre prise de poste ?

« J’arrivais d’un secteur qu’on appelait « éducation populaire, jeunesse et insertion professionnelle » donc un secteur très loin de la politique familiale que je ne connaissais pas du tout, et de la protection des majeurs qui était alors l’activité la plus importante de l’Union.

A la fois cela n’a pas été simple parce qu’il fallait bien connaître tout cet environnement familial, connaître la protection des majeurs, et en même temps j’arrivais d’un poste où j’avais été tellement tendu que j’ai eu le sentiment pendant 6 bons mois d’être en pré-retraite. J’ai été aidé par le directeur par interim qui est resté une demi-journée avec moi, et que je suis allé voir ensuite souvent à Chambéry. Je suis allé également rencontrer mon collègue des Alpes-de-Haute-Provence et nous avons construit le réseau régional des directeurs d’Udaf afin de favoriser les rencontres entre nous et pour aider ceux qui arrivent. Cela a été une prise de poste plutôt rapide. »

Et maintenant pouvez-vous m’en dire plus sur le contexte actuel dans lequel vous partez, forcément il a évolué. Est-ce qu’il est plus favorable? 

« Il est différent parce que la société et le monde du travail ont évolué. Quand je suis arrivé, on était notamment sur une approche informatique mais pas optimisée.

Aujourd’hui, l’Udaf est plus complexe et plus riche. Plus complexe parce que il y a beaucoup de nouveaux secteurs qui se sont créés. Les fondamentaux autour de la vie institutionnelle, de la médiation familiale et du REAAP par exemple ont été conservés, et l’Udaf s’est aussi ouverte sur des dispositifs qui ont pour point commun de servir les familles.

Donc c’est une Udaf différente, qui a évolué et qui s’est adaptée à son temps aussi. Par exemple, quand je suis arrivé il y avait entre 20 et 25 salariés aujourd’hui il y en a 45. Et forcément on ne gère pas une boite de la même manière suivant le nombre de salariés. »

Et votre meilleur souvenir en temps que directeur ?

« Je pense que ce n’est pas un souvenir, ce sont des souvenirs. C’est quand on voit qu’on a pu rendre service. Que ce soit d’ailleurs à une association ou à une personne protégée. Il y a des personnes protégées qui m’ont touché plus que d’autres. Quand on voit que le travail qui a été fait a permis de sortir d’une situation, d’apporter une réponse à la personne, je trouve ça très valorisant au plan personnel ainsi qu’au plan professionnel. On rentre chez soi le soir et on se dit qu’on n’a pas travaillé pour rien.

J’ai aussi beaucoup de bons souvenirs avec les administrateurs. Nous avons passé de bons moments ensemble. Il y en a eu également avec les professionnels. J’ai toujours apprécié que les professionnels soit loyaux avec moi, par exemple pour annoncer leur départ ou leur grossesse. »

A contrario, avez-vous vraiment quelque chose qui vous a marqué négativement ?

« Ce qui a été compliqué, ça a été la gestion de situations complexes. A un moment donné on se retrouve face à quelqu’un qui n’entend plus ou qui ne comprend plus ce qu’on veut dire, qui devient agressif, pour lequel il va falloir faire intervenir la police ou qui va créer de la tension parmi le personnel ou encore qui va être agressif physiquement.

Je pense aussi à une situation où la police a dû intervenir pour une personne protégée et le lendemain de l’altercation la personne s’est excusée. C’est une mauvaise expérience qui s’est ponctuée d’une note positive, d’autant qu’au fil des années il a eu une discussion avec sa déléguée en mentionnant qu’il s’était rarement emporté depuis car « à l’Udaf on le respecte ».

Le mot de la fin ?

« En tout cas, je pars sans amertume. Chaque fois que j’ai quitté un poste j’ai toujours considéré que ce que j’y avais fait ne m’appartenait plus, donc à charge de la personne qui suit de faire ce qu’elle aura à faire. Là c’est un peu différent car je pars pour une autre vie, je ne suis plus du tout dans le cadre professionnel, donc il y a le sentiment de la vie qui est passée aussi.

J’ai le sentiment d’avoir eu une bonne vie professionnelle parce que j’ai fait des choses différentes et parce que mon parcours est né du bénévolat ».